L’en deçà & Le Fleuve I et II — The underneath & The river I &II, 50° 11′ 53,8” N., 66° 4′ 10″ O., 2021-2023

L’en deçà & Le Fleuve I et II, 50° 11′ 53,8” N., 66° 4′ 10″ O,
2021-2023

Installation vidéo et sonore
Contreplaqué baltique, transducteurs, amplificateur, interface audio, détecteurs de mouvement, ordinateur, alimentation
Dimensions de la sculpture : 609 x 489 x 243 cm
2 vidéos monobandes, 28 min chacune

Par l’écoute attentive de la biophonie et de la géophonie, ainsi que par l’observation d’écosystèmes variés, le travail de Catherine Béchard et de Sabin Hudon ouvre des espaces d’attentions sur ce qui échappe à notre perception immédiate du monde. Leur recherche s’attarde au Phonocène qui se définit comme étant « L’ère du son, l’ère où l’on entend les bruits de la terre, l’ère qui nous relie aux puissances du monde ». Cette notion mise de l’avant par la théoricienne américaine Donna Haraway pour qualifier notre époque, propose au moyen de l’écoute une observation politique et poétique qui multiplie les récits en attirant notre attention sur les dimensions variées de nos territoires habités par les humains et les non-humains.

L’en deçà est une sculpture sonore aux qualités architecturales qui invite à une expérience d’écoute au sein de son espace résonnant. C’est en auscultant l’étendue comprise entre Sept-Îles et Kegaska, sur la Côte-Nord que furent enregistrés les sons telluriques et marins au cœur de cette œuvre. À l’aide d’hydrophones, soit des microphones pouvant enregistrer sous l’eau, ainsi que de géophones, des capteurs sismiques spécialement conçus par les artistes pour capter les vibrations du sol, ils ont révélé les paysages sonores singuliers de cette région. Diffusée par l’intermédiaire des transducteurs fixés sur les parois de la sculpture, la composition qui résulte de ces enregistrements sonores permet d’entendre une polyphonie complexe, à partir de laquelle les lieux se révèlent de manière inattendue et sous différents angles.

Les images des vidéos Le fleuve I et Le fleuve II furent tournées à la Pointe de Moisie, à proximité de Sept-Îles, là où le fleuve Saint-Laurent rencontre la mer. Ces œuvres évoquent l’idée du voyage qui traverse des lieux et des événements dans une quête sensible du monde. Béchard Hudon explore la limite incertaine entre le réel, l’illusion et l’imaginaire, où il est entre autre question du temps et de son écoulement ainsi que de l’interprétation que nous en faisons. Cette composition visuelle hypnotique engage le corps dans une succession régulière ou irrégulière des vibrations internes et externes du Saint-Laurent. Le flux et le reflux continus des vagues constitués d’un nombre infini d’ondulations qui se rassemblent ou se dispersent, invitent à une expérience sensorielle qui nous absorbe dans un brouillage temporel. Ce paysage marin est en relation étroite avec la composition sonore de L’en deçà où l’on entend les voix singulières de ce cette matière fluviale. Les artistes souhaitent mettre en œuvre plusieurs modes d’attention sur la combinaison diversifiée des formes de vie qui peuplent les mouvements internes de ces systèmes naturels et engager une réflexion sur les liens que nous entretenons avec les autres espèces du vivant.

Présentation

2023 Monstres, martyrs et cieux, 24e édition du Mois Multi, Espace 400e, 100 Quai Saint-André, Québec
L’en deçà, 2022
Le Fleuve I et II, 50° 11′ 53,8” N., 66° 4′ 10″ O., 2021-2023

Couverture médiatique et publication

RICHARD, Alain-Martin, En chantier, l’humanité, Inter n° 142, automne 2023, pp. 88-93
DESLOGES, Josianne, 24e Mois Multi: entrer dans la danse des robots sapiens, Le Soleil, Québec, 24 février 2023

Aide financière

Conseil des arts du Canada

Images

Richard-Max Tremblay

The underneath & The river I &II, 50° 11′ 53,8” N., 66° 4′ 10″ O, 2021-2023

Video and sound installation
Baltic plywood, transducers, amplifier, audio interface, motion sensors, computer, power supply
Dimensions of the sound sculpture : 20 x 16 x 8 feet
2 single channel videos, 28 min each (in loop)
2021-2023

By listening attentively to biophony and geophony, as well as by observing various ecosystems, the work of Catherine Béchard and Sabin Hudon opens up our attention to what escapes our immediate perception of the world. Their research focuses on the Phonocene, which is defined as « the era of sound; the era in which we hear the sounds of the earth; the era that connects us to the powers of the world”. This notion, put forward by the American theorist Donna Haraway to qualify our era, proposes a political and poetic observation by means of listening, that multiplies the potential narratives by drawing our attention to the varied dimensions of our territories inhabited by humans and non-humans.

The underneath is a sound sculpture with architectural qualities that invites us into a listening experience within its resonant space. The telluric and marine sounds at the heart of this work were recorded while surveying the area between Sept-Îles and Kegaska, on the North Shore. Using hydrophones (microphones that can record underwater) and geophones (seismic sensors specially designed by the artists to capture ground vibrations), they revealed the unique soundscapes of this region. Broadcast through transducers attached to the walls of the sculpture, the resulting composition of these sound recordings allows us to hear a complex polyphony, from which the sites are revealed in unexpected ways and from different angles.

The images of the videos The river I and The river II were shot at Pointe de Moisie, near Sept-Îles, where the St. Lawrence River meets the sea. These works evoke the idea of a journey through places and events in a sensitive exploration of the world. Béchard Hudon explores the uncertain boundary between reality, illusion and the imaginary – which questions, among other things, time and its passage as well as the interpretation we make of it. This hypnotic visual composition engages the body in a regular or irregular succession of the river’s internal and external vibrations. The continuous ebb and flow of the waves, made up of an infinite number of ripples that gather or disperse, makes up a sensory experience that absorbs us in a temporal blur. This seascape is in close relation with the sound composition of The underneath, where we hear the singular voices of this river matter. The artists wish to focus several of our modes of attention on the diverse combination of life forms that populate the internal movements of these natural systems. They want us to reflect on the relationships that we maintain with other living species.

Exhibition

2023 Monstres, martyrs et cieux, 24e édition du Mois Multi, Espace 400e, 100 Quai Saint-André, Québec
L’en deçà, 2022
Le Fleuve I et II, 50° 11′ 53,8” N., 66° 4′ 10″ O., 2021-2023

Review

RICHARD, Alain-Martin, En chantier, l’humanité, Inter n° 142, automne 2023, pp. 88-93
DESLOGES, Josianne, 24e Mois Multi: entrer dans la danse des robots sapiens, Le Soleil, Québec, 24 février 2023

Aide financière

Conseil des arts du Canada

Pictures

Richard-Max Tremblay